Plantage électrique

Avec Hinkley Point C, EDF bénéficie d’un contrat particulièrement avantageux. En effet, l’électricité fournie par les deux centrales dispose d’un prix d’achat garanti par le gouvernement britannique élevé, largement supérieur aux prix actuels du marché[1].

Au moment de la négociation, les débats vigoureux ont tourné autour du coût du capital d’EDF, du taux d’actualisation à retenir et autres hypothèses de moyen/long terme comme l’inflation, la croissance de la demande d’électricité, les importations depuis le continent. Les nombreux opposants ont alors perdu une guerre, mais ils restent attentifs et prêts à relancer le débat.

Sur le planning et les coûts de construction, EDF disait en substance: ne regardez pas Flamanville, ou la Finlande[2], comme références sur la manière dont nous contrôlons les projets de construction de nouvelles centrales. En effet, les retards et dérives budgétaires pour ces deux EPR viennent de ce que nous n’avions plus construit de centrales nucléaires depuis l’orgie des années 80. Nos savoir-faire de l’époque ont disparu, avec les départs en retraite et les changements de postes. Mais nous les reconstruisons à Flamanville et en Finlande, et nous serons totalement au point pour toutes les centrales suivantes.

Las. Un surcoût est annoncé, que EDF ne nie pas. Un délai de deux ans environ est également supputé, mais EDF le nie.

Si les choses ne s’améliorent pas, au mieux, les prix garantis ne permettront pas à EDF d’atteindre la rentabilité attendue sur ce projet britannique; au pire, les opposants relanceront le débat sur le niveau élevé de ces prix, en pouvant maintenant les comparer à ceux des énergies renouvelables les plus récents.

Et le futur industriel d’EDF n’en sortira pas renforcé.

[1] Ainsi qu’à ceux du tarif régulé en France

[2] Olkiluoto

2 commentaires sur “Plantage électrique

  1. Pour savoir qui du consommateur d’électricité britannique ou de l’actionnaire français d’ EDF fait une bonne affaire dans le contrat hinckley point , il faudra attendre ka fin du contrat dans plus de 40 ans et 35 ans de livraison d’électricité, mais on aura déjà un premier avis quand les livraisons auront commencé et que le coût de construction et de démarrage seront connus.
    Aujourd’hui pour en dire plus, il faudrait disposer d’informations internes à EDF, et encore…
    En revanche, on peut déjà se baser sur le plan de financement pour exprimer une inquiétude côté de l’actionnaire et donc du contribuable français.
    Les britanniques ont une réputation financière que l’on peut une fois de plus admirer.
    Rappelons deux choses.
    La première, une phrase de Cameron ancien premier ministre qui disait à propos de hinckley point: c’est un bon deal car les britanniques se font financer 100% d’une infrastructure par du financement international , sans prise de risque côté britannique.
    Ce propos remet ben mémoire une seconde affaire, celui du financement f’rurotunnrl

    J’aime

  2. Ce propos remet donc en mémoire une seconde affaire, celui du financement d’Eurotunnel.
    Rappelons que madame Thatcher avait refusé de mettre une seule livre d’argent public dans le projet financé donc par ds fonds privés pour une petite partie par des actionnaires et pour une grosse partie par des obligataires, à 50% des deux cotés de la manche.
    Quand on s’est aperçu que les prévisions de trafic étaient largement surévaluées, il a fallu revoir la capacité de remboursement des emprunts après avoir constaté la perte quasi totale de capital des actionnaires.
    Les porteurs d’obligations eurotunnel ont alors été contraints de constater leurs pertes et d’abandonner une grande partie de la valeur de leurs obligations. Mais à ce moment là on s’est aperçu que les banques britanniques avaient pour l’essentiel replacé leurs obligations risquées à des banques japonaises. C’était une époque où le Japon connaissait une balance des paiements largement excédentaire et cherchaient partout des projets sur lesquels s’investir.
    il n’en demeure pas moins que là aussi comme pour Hinckley Point les britanniques avaient trouvé une solution pour se faire fiancer leurs projets par des acteurs internationaux non résidents, comme ils le font aujourd’hui par des acteurs français et chinois.
    Dans le cas nucléaire l’expérience montre que le régulateur de la sureté peut avoir un effet important sur l’équation économique et il faudrait aussi avoir accès au dossier pour savoir comment ce volet du dossier est traité pour se faire une idée de l’opportunité économique de ce projet pour les actionnaires d’ EDF.

    J’aime

Répondre à Gazelec Annuler la réponse.